Plusieurs éléments (topographie, climat, matériaux…) particuliers à la montagne influent de manière importante sur la conception et la réalisation d’un jardin de montagne situé au-dessus de 1000 m d’altitude.
JARDIN DE MONTAGNE EN PENTE
Il arrive que la maison soit située sur un replat, mais souvent aussi, elle se trouve sur un plan incliné et parfois ce « plan » est accidenté. En montagne, les pentes ne sont pas ravinées si elles sont cultivées en prairie ou boisées (genévriers, aulnes, mélèzes, pins ou sapins, qui fixent le terrain), à moins qu’elles ne soient maintenues en place par la présence de gros rochers à des niveaux différents.
Si vous devez modifier la structure naturelle pour l’implantation de votre jardin d'altitude, sachez respecter certaines règles :
- Laissez en place quelques arbres, situés dans la partie la plus haute de la propriété, pour maintenir le terrain et bénéficier de leur ombre en été. Cet emplacement constituera un lieu de repos idéal lorsque vous y aurez installé (à peu de frais puisque le bois n’est pas rare) une table et des sièges rustiques.
LA NEIGE ET LE GEL
Entre 1000 et 1600 m d’altitude, le plus souvent, le terrain supporte des chutes de neige d’importances irrégulières d’une année à l’autre, entrecoupées de périodes de fonte. Les plantes vivaces ou bulbeuses sont donc soumises à des conditions climatiques assez rudes dues à des variations fréquentes. Elles ne sont pas protégées continuellement du froid par la neige durant l’hiver et subissent des excès d’humidité qui, à certains moments, se transforment en glace – que vient ou non recouvrir une nouvelle chute de neige…
Il est donc préférable – outre les arbustes ou arbres restant à demeure – de ne compter, pour fleurir le jardin, que sur les plantes annuelles semées ou plantées après le dégel définitif du printemps : Fritilaires, Crocus, scilles…
À moins d’introduire des plantes vivaces élevées en plaine et qui, pour certaines seulement, résisteront aux hivers suivants comme l’aubriette, le serpolet ou les petites violettes cornuta.
Au-dessus de 1600 m, la situation est différente, car généralement la neige demeure sur le sol tout l’hiver – certes en épaisseur variable – mais elle remplit son rôle de protection à l’égard du froid pour les plantes basses. Vous pouvez ainsi y planter bon nombre d’espaces bisannuelles et vivaces, cultivées ou sauvages.
La neige – si belle lorsqu’elle est fraîchement tombée sur les branches – fait ployer par son poids les petits arbustes. Ils risquent par suite d’être cassés ou de prendre une forme courbée et par la répétition d’année en année, ils auront une croissance soit tordue, soit inclinée, soit limitée en hauteur. Pensez, surtout à leur jeune stade, et pour les conifères feuillés en hiver notamment, à les débarrasser régulièrement du poids de la neige ou à les abriter avant l’hiver par un faisceau de lattes de bois, fichées en terre et réunies à leur sommet, par une ligature au-dessus de la flèche de l’arbuste.
Le froid étant vif tout l’hiver, vous devrez attendre le dégel définitif, se traduisant par l’évaporation et l’écoulement intenses de l’eau de fonte des neiges, pour semer les premières fleurs. Bien que la période de végétation soit plus courte qu’en plaine (de mai à octobre seulement) les plantes basses ont le temps de se développer complètement et de fleurir, car la croissance est exubérante en début de saison grâce à une luminosité plus intense qu’en plaine.
Seules quelques essences ou variétés ornementales ou forestières d’arbustes et d’arbres acceptent une telle altitude, puisque les températures y sont pratiquement négatives tout l’hiver.
Toute végétation cesse, en France, au-dessus de 1800 ou 2000 m, hormis le gazon et les plantes alpines, mais à cette altitude, on ne rencontre plus guère de maison individuelle ni de jardin !
L’EAU
« L’eau court partout » en montagne… Ce dire est souvent vrai et maintes habitations sont situées près d’un torrent, un ruisseau, un ruisselet ou une source, qui traversent même le jardin dans bien des cas.
La proximité d’un point d’eau résout donc le problème de l’arrosage indispensable en été, car la chaleur diurne est généralement forte en altitude. Par contre, cette présence d’eau sur le terrain oblige qu’elle soit « canalisée ». Profitez-en pour planter, à proximité, des végétaux de terrains humides et d’ombrage, puisque les ruisseaux sont habituellement bordés d’aulnes, de noisetiers ou de conifères de montagnes.
Vous pourrez aussi aménager un petit bassin, ou mieux une fontaine, par dérivation d’une conduite captant une partie du ruisseau ou de la source voisine, vers un creux adéquat.
LE BOIS ET LA PIERRE
La pierre et le bois constituent deux matériaux de construction relativement peu onéreux. Ils permettent de créer des aménagements rustiques qui s’insèrent bien dans le cadre environnant. Les voliges de pin ou de mélèze font des clôtures esthétiques si elles sont vernies, et les rondins retendus constituent de belles marches pour les pentes. Vous trouverez certainement des abreuvoirs ou des auges de pierres patinées, s’harmonisant à merveille avec le jardin, et vous les décorerez de plantes à massif et de bulbeuses, l’hiver fini. Par contre, si l’emplacement de votre jardin de montagne est malheureusement « truffé » en surface, de pierres de quelques kilos, vous devrez les extirper et vous en servir pour constituer des murets de clôture ou empierrer les chemins de desserte.
En zone schisteuse, les pierres plates (lauzes) sont utilisées pour le dallage des chemins et des lieux de repos. En zone granitique, vous utiliserez les pierres de 30 à 50 kg pour agrémenter un jardin alpin ou un jardin de rocailles. Tous deux ont la même conception, c’est-à-dire vallonnés, divisés par des casse-pieds (éventuellement un escalier) et plantés de végétaux herbacés, groupés par 3 ou 5, et d’arbustes de petit développement (généralement des conifères) à port soit étalé soit érigé, tenant peu de place.
L’EXPOSITION DE VOTRE JARDIN
Si certaines espèces poussent plus volontiers dans les sites tournés vers la lumière (mélèze par exemple) autrement dit vers le sud ou adret, alors que d’autres (Epicea, par exemple) préfèrent l’ubac ou ombre, le point cardinal vers lequel se trouve tourné le jardin n’a pas une importance déterminante du point de vue de l’éclairement. L’ombre procurée par les arbres avoisinants est plus déterminante pour le choix des végétaux.
Par contre, la direction du vent dominant, s’il y en a, qui coule d’un col ou monte de la vallée, conditionne le choix des plantes, car le vent peut apporter de l’humidité atmosphérique ou au contraire du froid et le dessèchement. Seuls la tramontane qui souffle d’Espagne vers les Pyrénées-Orientales, et le foehn passant d’Italie en Suisse sont des vents chauds.
LA NATURE DU SOL
En montagne, il faut distinguer deux types de sols différents : les sols calcaires qui favorisent le développement des espèces calcicoles (genévrier, Aster, Edelweiss…) et les sols non calcaires, donc le plus souvent acides (d’origine granitique ou schisteux) qui favorisent la croissance des plantes calcifuges (Rhododendron, primevère, fougère, saxifrage, lis) avec le cas particulier des tourbières, c’est-à-dire des zones marécageuses où poussent les joncs, les sphaignes, les luzules, les linaigrettes…
LE CHOIX DES PLANTES POUR UN JARDIN DE MONTAGNE
La nature du sol en place conditionne le choix des plantes de votre futur jardin de montagne. En terrain calcaire, vous devrez aménager entre les rochers des « poches » de terre sableuse rapportée, et d’humus additionné d’un peu de soufre pour cultiver les plantes de terrain acide. En terrain granitique ou schisteux, il vous suffira d’apporter de la chaux ou de la craie broyée mélangée à la terre, aux emplacements des plantations de plantes calcicoles.
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